Intéressons nous maintenant aux vertus thérapeutiques de l'urine et surtout, à leur exploitation commerciale.
Promouvoir les vertus thérapeutiques de l'urine est surtout intéressant quand, pour une raison ou une autre, on désire exercer une emprise psychologique forte sur un groupe de personnes. On peut concevoir la promotion de l'urinothérapie comme une première étape qui permet à la fois de manipuler des personnes et de contrôler l'effet de cette manipulation.
Faire commettre à des gens des actes plus ou moins inutiles, ridicules ou déplaisants, qui ne correspondent ni à leurs envies ni à leur raison, est certainement le meilleur moyen de mesurer l’emprise psychologique que l’on exerce sur eux.
Si l'on manipulait les gens pour les inciter à faire des choses, raisonnables, agréables ou utiles pour eux, on pourrait toujours se demander s'ils ont fait ces choses de leur propre chef ou sous notre influence. Il serait difficile de savoir qui tient les rênes.
Intéressons nous tout d'abord à la composition de l'urine.
L’urine est produite au niveau des reins par filtrage du sang, elle sert à éliminer une partie des déchets de notre organisme. Elle est composée d’environ 95% d’eau, elle contient des sels minéraux ainsi que différents composés organiques tels que l’urée, la créatinine et l’acide urique. La teneur en sels minéraux peut varier selon l’alimentation. L’urée représente environ 2% de la masse de l’urine, c’est le principal déchet qu’elle contient. Une fois l’urine évacuée hors du corps, l’urée se décompose en ammoniac et en nitrite. L’urine peut également contenir des résidus de médicaments.
En l’absence d’infection urinaire, l’urine est presque stérile à l’intérieur du corps ; elle contient des leucocytes et des bactéries en très faible quantité.
L’urine étant presque stérile, certains la recommandent en application locale sur les plaies. Elle est supposée nettoyer et favoriser la cicatrisation.
Mais l’urine est surtout supposée faire des merveilles si on la boit (à raison d’un à deux verres par jour) ou si on s’en fait des gargarismes. La liste des maux pour lesquels l’urine est préconisée est tellement longue que je ne vais pas tout énumérer ; à titre d’exemple on trouve le diabète, le sida, le cancer, l’obésité, la calvitie, la stérilité, la gueule de bois...
Le fait de boire son urine se nomme aussi amaroli. Ce nom vient de la tradition hindoue.
Qu’en est-il des bienfaits ou méfaits de la consommation d’urine pour la santé ? Evidemment, il convient de présenter l’urine comme un fabuleux remède que les médecins omettent de nous recommander afin de préserver leurs intérêts ainsi que ceux de l’industrie pharmaceutique. Le présence de sels minéraux dans l’urine sera présentée comme la preuve irréfutable de la grande valeur thérapeutique de l’urine.
En général, en l’absence d’infection urinaire, l’urine est peu toxique pour une personne en bonne santé.
On encouragera les gens à persévérer malgré ces effets secondaires, tels que la diarrhée, les démangeaisons, des douleurs, de la fatigue, de la fièvre, etc, afin de bénéficier des bienfaits de l’urinothérapie. Depuis quatre mille ans, l’urinothérapie est pratiquée par des gens qui croient à ses bienfaits.
Les bénéfices thérapeutiques de l’amaroli n’ont jamais été établis. Mais l’ancienneté de la pratique est un argument de poids : la preuve sociale donnée par les adeptes de cette pratique depuis des milliers d’années compense, voire remplace, la preuve scientifique. Les gens boivent leur pipi parce que beaucoup d’autres l’ont fait avant, donc ça doit être bien, et ce faisant, ils contribuent à populariser cette pratique.
Commercialisation
Un peu comme pour les crottes de nez, l’urinothérapie représente a priori un potentiel commercial assez limité. Là encore, on pourra vendre des méthodes sous forme d’ebooks, livres, DVD.
Si on veut acquérir une certaine popularité auprès d’un public amateur de thérapeutiques naturelles, l’urinothérapie est un sujet de conférence idéal. En effet, on peut raconter que l’on tient sa forme éblouissante de la pratique régulière de l’urinothérapie.
Même si on vante les innombrables bienfaits de l’amaroli, la plupart des gens sont réticents à l’idée de boire de l’urine car ils ont peur que le goût soit désagréable. C’est pourquoi la dégustation sera le moment phare de la conférence. Il faut boire un verre d'urine fraîche devant le public. Je vous entends frémir ! Rassurez-vous, il y a un bon moyen de faire une petite démonstration bien convaincante sans vraiment boire son pipi. Je vous explique.
Démonstration convaincante
Concrètement, il faut préparer un verre de jus pomme et un verre d’urine. Au besoin, on rajoutera un peu d’eau dans l’un des verres afin que les contenus des deux verres aient la même couleur (à peu près).
Le conférencier prendra soin de mettre en scène le moment où il boira son verre de jus de pomme. Il n’aura aucun mal à afficher un air de délectation (sauf s’il se trompe de verre).
Pour montrer qu’il ne triche pas, le conférencier fera circuler le deuxième verre dans l’assistance. Les personnes pourront humer et éventuellement goûter.
Après une telle démonstration, le public sera conquis ! Il y a fort à parier qu’une large part de l’auditoire va essayer l’urinothérapie.
Et n’est-ce pas une belle réussite, que d’amener des gens à faire une chose qui les répugne, sans user de la force ?
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