mercredi 18 septembre 2013

Chimiophobie : évite les ennuis !

Pour attirer les malades atteints d’un cancer vers les thérapies non
conventionnelles, nous avons vu deux idées-phares à développer :
  • la chimiothérapie est tellement inefficace et dangereuse que les médecins n’ont majoritairement pas confiance dans ce traitement (revoir l’article Rudiments de chimiophobie),
  • la chimiothérapie connaît un taux de succès tellement bas qu’y renoncer ne représente pas une grosse prise de risque (revoir l’article Chimiophobie : cours de perfectionnement).


Répandre de telles idées constitue un moyen très efficace pour discréditer la chimiothérapie auprès des malades, si bien qu’ils seront tentés de refuser les traitements médicaux classiques et d’opter pour les médecines douces.


Mais attention ! Toute médaille a son revers ; les proches d’un malade  risquent de te reprocher le refus du traitement médical conventionnel par ce malade et te rendre responsable des conséquences de ce refus : en général, une vie raccourcie… ce qui peut se solder par un procès et une condamnation. Ce que tu préfères probablement éviter…


Comment faire pour développer ton chiffres d’affaires en profitant de cette formidable aubaine que représente le marché du cancer sans risquer des poursuites judiciaires ? Comment récupérer la clientèle des personnes atteintes d’une maladie cancéreuse sans endosser la responsabilité de l’aggravation de leur état de santé en l’absence de traitement sérieux ?


Plutôt que de détourner ouvertement les malades des traitements médicaux qui pourraient les aider, tu dois jouer la carte de la complémentarité entre médecine conventionnelle et médecines douces : persuader les malades qu’ils mettent toutes les chances de leur côté en combinant médecine et charlatothérapie. Prends bien soin d’affirmer que ta charlatothérapie et la médecine sont deux disciplines complémentaires, et que chacune intervient là où l’autre est absente ou insuffisante, insiste sur les limites et les échecs de la médecine… et les malades entreverront un espoir là où la médecine est impuissante. Par exemple, tu peux dire que la médecine ne traite que les symptômes, tandis que les thérapies non conventionnelles traitent les "vraies" causes de la maladie.


Ainsi, :
- on explique certains échecs de la médecine,
- on fait croire aux malades que les thérapies non conventionnelles sont indispensables pour se donner toutes les chances de guérison et prévenir le risque de récidive,
- on s'attribue la réussite de traitements médicaux qui ralentissent la maladie, conduisent à des rémissions ou des guérisons,
- on se dégage de toute responsabilité en cas d'échec des thérapies non conventionnelles.
Il faut faire croire aux malades que les thérapies non conventionnelles font des choses "en plus", "différentes", "que la médecine scientifique ne sait pas faire" mais sans promettre formellement une efficacité thérapeutique.
 
Le mieux est d’apposer sur tous tes écrits (brochures, site internet…) une mention qui te dégage de toute responsabilité, à la manière des clauses d’exclusions dans les contrats d’assurance.  Par exemple :


“Nos prestations ne se substituent pas à un diagnostic ou un traitement médical. Dans l’intérêt de nos patients, nous les encourageons à suivre tout traitement médical que leur état de santé rend nécessaire.”


Il en va de même si tu donnes une conférence ou réponds à une interview.


Évidemment, c’est pour protéger ta tranquillité, et non dans “l’intérêt de tes patients”, que tu formules cet avertissement…  Ainsi, tu peux continuer à dénigrer la médecine, à dénoncer ses failles et ses limites, et à faire croire à l’efficacité de tes méthodes : les malades porteront seuls la responsabilité de l’interprétation qu’ils font de ton discours et des conclusions qu’ils en tirent.


Et pour mieux préserver ta tranquillité, tu peux :
  • proclamer publiquement que ta charlatothérapie ne saurait remplacer un avis et un traitement médicaux,
  • ne jamais dénigrer publiquement la médecine,
  • ne dénigrer la médecine qu’oralement, lors d’entretiens individuels avec chaque malade.
Ainsi, comment un malade ou ses proches pourraient-ils faire reconnaitre ton rôle en cas de perte de chances de guérison ?



A lire aussi :
Pour un aperçu du contenu du blog : Sommaire thématique

3 commentaires:

  1. Alors là par contre je ne suis pas complètement d'accord: je suis complètement pour une approche combinant les approches douces en complèment... La chimio c'est bien, mais on peut faire pleins de trucs en plus pour mieux vire, pour augmenter les effets de la chimio, pour soulager des symptomes... Il ne faut pas non plus trop taper sur les alternatives douces... Ce qui est génant c'est quand ce discours fait croire aux patients qu'il peut se substituer au traitement traditionnel. Quand il se pose en supplément en affirmant clairement la couleur, que la chimio est indispensable, alors je ne vois pas le problème. Personnellement, je médite et je me fais masser très régulièrement et j'en retire un bénéfice immense.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ton commentaire qui me conduit à préciser les choses.
      Je te suggère de lire l'interview n°4 de Merlin Parpaing, tu comprendras mieux pourquoi j'ai écrit ce texte.
      La promesse de soulager les symptômes du traitement médical classique revient en effet fréquemment sur les prospectus de certains thérapeutes. Les effets secondaires d'une chimiothérapie sont parfois très pénibles à vivre, ce qui rend cette "promesse" assez irrésistible. Mais où sont les preuves d'une quelconque efficacité thérapeutique de ces méthodes douces ? Je ne parle même pas du niveau de compétence des "thérapeutes". Le résultat est-il à la hauteur des espoirs suscités ? Ce qui me dérange dans la plupart des techniques "douces", c'est qu'elles sont rarement vendues pour ce qu'elles sont réellement. Je ne conteste pas le fait que la méditation ou le massage contribuent à ta qualité de vie. Un massage (bien fait) peut apporter un apaisement, une sensation passagère de plus grand confort corporel. Mais certaines douleurs ne peuvent pas être soulagées par un massage. Ce qui me semble important, c'est que chacun, quelque soit son état de santé, puisse choisir en connaissance de cause dans quoi il met son argent. Car, de la même façon, le cinéma, la gastronomie, la randonnée, la littérature, etc peuvent contribuer à notre qualité de vie.

      Supprimer
    2. Je te recommande aussi cet article :
      http://www.charlatans.info/camarche.shtml

      Supprimer